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Entrevue avec David Victori, réalisateur de la web-série « Zero », Prix Meilleure Photographie et Prix spécial Roma Webfest

Avec une carrière présentant des courts-métrages réussis, le réalisateur venu de Manresa, David Victori, a gagné un concours organisé par YouTube dont le prix consiste à pouvoir réaliser une web-série produite par l’acteur Michael Fassbender et le réalisateur Ridley Scott, rien que ça !

Zero nous plonge dans un monde dans lequel, soudainement, il n’y a plus de gravité.

Par sa qualité, Zero a été récompensé du prix de la Meilleure Photographie ainsi que du prix spécial Roma Webfest au cours de la 32e édition de Cinema Jove.

En exclusivité pour notre festival, David Victori nous raconte en détail cette aventure.

 

Quel genre de défi est-ce d’écrire des épisodes de cinq minutes par rapport à l’écriture d’un film plus long ? 

Avec Zero, qui a cette particularité des micro-séries d’avoir des épisodes si courts, j’ai eu à faire face à un défi de taille concernant le style narratif que je pouvais conduire. J’ai donc étudié ce qui avait été fait avant dans ce format afin de voir dans quel mesure il y avait des concordances avec les formats narratifs plus longs. Ça a donc été un temps d’étude préparatoires pour pouvoir obtenir le premier épisode, qui est en soit déterminant puisque c’est notre porte d’entrée vers l’univers de la série, ses personnages, le conflit qui existe etc. Il devait être fait de telle sorte qu’à la fin de l’épisode tu ais l’envie d’en savoir plus sur ce qui leur arrive.

Crois-tu qu’il y a plus de libertés à travailler sur internet que pour la télévision ou le grand écran ?

Tout dépend d’où viens le financement et des producteurs que tu as derrière. Mon cas est si particulier que je ne crois pas que l’on puisse en déterminer un modèle d’appréciation générale. Les gens de chez  Scott Free, la boîte de production de Ridley Scott m’ont vraiment accompagné dans le processus de création mais en respectant toujours l’idée première que j’avais et qui m’avais permis de remporter le prix.

La série est écrite et dirigée par toi. Comment t’est arrivée l’idée de ce projet ?

En vérité, quelques jours avant qu’on m’annonce que je faisais partie des finalistes du concours YouTube, j ai eu cette idée qui m’est venue au restaurant alors que je dîner avec un ami et que nous parlions de sciences, d’univers etc. C’est un ami avec lequel j’ai des conversations plutôt perchées (rires). Il essayait de me transmettre sa fascination pour la force gravitationnelle en tant qu’élément que nous prenons pour acquis, sans jamais y faire attention alors qu’il régit les lois de l’univers. A force de blaguer à ce sujet, j’en suis arrivé à me demander ce qu’il adviendrait si nous devions perdre notre gravité ! Bien entendu, il est peu probable que cela arrive vraiment un jour mais de la mème manière qu’on ne s’attend jamais à ce que l’un de nos proches décède subitement… De ce fait, j’ai voulu garder cette idée dans la coin de ma tête puisqu’elle me permettait de traiter à la fois de la perte et du deuil.

Tu as déjà commenté le fait que le projet venait d’un concours mais nous aimerions que tu racontes un peu comment sont intervenus Michael Fassbender et Ridley Scott dans ce projet.

En fait YouTube a organisé en 2012 un festival de court-métrages à l’échelle mondiale où pouvait se présenter des métrages de tous les continents. Normalement dans les festival tu ne peux présenter les métrages que tu as fait l’année précédente. Dans ce cas-ci, YouTube a ouvert le concours aux métrages qui avait réalisés dans les cinq ou dix dernières années. De ce fait tous les réalisteurs de court-métrages leur ont envoyés leur projet. Au même moment je terminais la tournée des festivals pour mon métrage La Culpa et nous nous sommes décidés à l’envoyer sans aucune autre forme d’ambition parce que en vérité cela paraissait impossible d’être retenu parmi cette déferlante de projets. Pourtant, lorsque nous sommes finalement apparus dans les dix projets ayant reçus le plus de votes, nous avons commencé et avons réalisés une campagne de communication pour faire nous faire connaître et faire connaître mon court-métrage. La surprise fut vraiment total lorsque nous avons remporté le concours. Nous avons été reçu au Festival de Venise pour présenter le film que nous ferions si nous gagnions. Et nous l’avons fait. Nous étions entrain de travailler sur une présentation à faire devant le jury et par chance, cela a coïncidé avec notre victoire.

Parlons plus précisément de Michael Fassbender et de Ridley Scott, ni plus ni moins. Comment s’est déroulé la collaboration avec eux et que t’ont-ils dit quand le projet s’est terminé ?

Michael Fassbender et Ridley Scott ont été des parrains. Bien entendu ils n’ont pas été chaque jour derrière moi: Nous avons plus travaillé avec l’équipe de Scott Free et cela a été une expérience formidable – et brutale – de voir comment des personnes si professionnelles travaillaient. Ils ont amené le projet à un autre niveau. Avec Fassbender j’ai pu un peu plus échangé avec lui. Nous avons eu une réunion de travail à Los Angeles, avant le tournage. Ensuite nous avons continué à nous parler via messagerie une fois le tournage terminé. Il m’a dit qu’il trouvait le tout très réussi. Avec Ridley cela n’a pas été autant le cas, c’est dommage. Il a quand même suivi le sujet avec attention, envoyant des notes concernant le montage et précisant ce qu’il avait aimé ou non. Cela m’a beaucoup aidé dans mon approche cinématographique. Etre au contact d’une équipe si énorme a été brutale. Se rendre à Londres et découvrir cette ampleur, c’est spectaculaire.

Un autre niveau de travail. 

Oui, clairement. Au final chaque production est un monde à part. Celle-ci a été une expérience enrichissante et dont je garderais un souvenir très fort. Le moment du montage surtout et aussi de l’écriture, leur accompagnement et leur manière de travailler avec moi sont vraiment restés gravées.

La série est un récit de science-fiction avec beaucoup d’effets spéciaux. La technologie numérique favorise-t-elle se genre d’histoires à se développer sur la toile ?  

Oui je crois que les outils que nous avons à notre disposition aujourd’hui à un niveau aussi modeste de production, nous permet de produire des effets visuels très satisfaisant. Le travail réalisés par des travailleurs indépendant est bluffant et ils nous auraient été impossible d’avoir un tel rendu il y a quelques années sans avoir une montagne de millions.De ce fait, il est clair que cela incite à l’imagination d’autant que ton rêve peut devenir réalité avec assez peu d’argent. Ou avec de la patience et du temps si tu n’as pas d’argent. Il n’y a plus d’excuses possibles pour ne pas faire ce que tu veux.

Comment vois-tu le futur de la fiction sur internet ? Aujourd’hui on dirait que ça a le vent en poupe sans que l’on sache vraiment o´se situe les limites ou ses frontières.

Oui c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses qui sont produites aujourd’hui sur internet. La vraie transformation est surtout de pouvoir réaliser des projets avec un rendu très professionnel sans trop de moyens. Là est la grande révolution. Un gars tout seul chez lui peut réaliser un film de qualité et le mettre sur YouTube – qui est le cinéma le plus grand du monde. Avec YouTube ton audience n’a aucune limite, si ce n’est celle de l’internet. Grâce à cela, un nombre de plus en plus conséquent de personnes ont des opportunités qu’il était pas envisageable d’avoir il y a quelques années.

Ton travail tient beaucoup de la science-fiction. Qu-est-ce qui te séduit le plus en général ? 

Ce qui me séduit le plus dans ce genre, c’est sa capacité à te donner des opportunités à développer des scénarios qui me paraissent, dans ma vie quotidienne, extraordinaires. Pour moi c’est ce en quoi consiste l’intérêt principal de beaucoup de choses : se lever chaque matin et se surpasser en tant qu’être humain et dépasser mes limites. C’est ce que je retrouve avec la science-fiction puis qu’à travers elle on peut construire des situations et des moments avec des dilemmes moraux et des questionnements que nous n’aurions pas pu traiter avec un genre plus réaliste.

Après ce projet, tu passes sur la réalisation d’un épisode de Pulsaciones (série produite par Emilio Aragón). Comment se passe ce passage ? Comment a été ton expérience avec la télévision ? 

Ça s’est très bien passé. Pulsaciones était un projet très spécial et quand ils m’ont demandé d’y participer je n’ai pas hésité tant le projet me paraissait attractif, son scénario, l’histoire qu’il traite et qu’au final ce genre me plaisait  ainsi que les acteurs qui y participaient. Ça a été une expérience brutale dans le sens où j’ai beaucoup appris. Un travail de fond avec les acteurs a été fait et le partage de nos savoir-faire nous a permis à tous de travailler dans une ambiance stimulante, un peu comme dans un voyage dans un pays lointain avec un groupe d’amis.

Tu as des projets en marche. Fais nous un petit trailer. 

(Rires) Oui nous travaillons sur mon premier long-métrage, pour faire bref. Je ne peux pas t’en dire plus parce que ce qu’il y a sur le web est un peu confus. Nous sommes un peu entrain d’attendre pour expliquer ce que nous avons entre nos mains, j’espère que cela pourra être fait d’ici peu. Je peux te dire que c’est un film de science-fiction à propos d’un fait surnaturel qui arrive en Espagne.